mardi 15 juillet 2014

Conseil constitutionnel, 2 juin 2014 (n° 2014-398 QPC ) : inconstitutionnalité de l’article 272, alinéa 2, du Code civil (calcul de la prestation compensatoire)

Le Conseil constitutionnel a jugé le 2 juin 2014 que l'article 272, alinéa 2 du Code civil était inconstitutionnel. Ce texte, relatif à la détermination du montant de la prestation compensatoire, dispose que : « Dans la détermination des besoins et des ressources, le juge ne prend pas en considération les sommes versées au titre de la réparation des accidents du travail et les sommes versées au titre du droit à compensation d'un handicap ».
Il estime « qu'en excluant des éléments retenus pour le calcul de la prestation compensatoire les sommes versées au titre de la réparation des accidents du travail, ces dispositions empêchent de prendre en compte des ressources destinées à compenser, au moins en partie, une perte de revenu alors que, par ailleurs, toutes les autres prestations sont prises en considération dès lors qu'elles assurent un revenu de substitution ». Il considère  également qu'« en excluant la prise en considération des sommes versées au titre de la compensation du handicap dans la détermination des besoins et ressources, les dispositions contestées ont pour effet d'empêcher le juge d'apprécier l'ensemble des besoins des époux, et notamment des charges liées à leur état de santé ». Par conséquent, « l'interdiction de prendre en considération, pour fixer le montant de la prestation compensatoire, les sommes versées à l'un des époux au titre de la réparation d'un accident du travail ou au titre de la compensation d'un handicap institue entre les époux des différences de traitement qui ne sont pas en rapport avec l'objet de la prestation compensatoire qui est de compenser la disparité que la rupture du mariage crée dans leurs conditions de vie respectives ».

L'abrogation du second alinéa de l'article 272 du code civil prend effet à compter de la publication de la décision et est applicable à toutes les affaires non jugées définitivement à cette date. Les prestations compensatoires fixées par des décisions définitives en application des dispositions déclarées contraires à la Constitution ne peuvent être remises en cause sur le fondement de cette inconstitutionnalité. 





Dans les revues : D. 2014, AJ, p. 1202

En complément des ouvrages suivants :