mardi 14 janvier 2014

Civ. 1re, 11 septembre 2013 (n°11-26751) : articulation des demandes en divorce pour altération du lien conjugal et pour fautes


 M. X... introduit une demande en divorce sur le fondement de l’altération définitive du lien conjugal. Son  épouse forme une demande reconventionnelle en divorce aux torts de celui-ci. Le demandeur initial forme alors une demande reconventionnelle pour faute et sollicite le prononcé du divorce aux torts partagés. Un jugement prononce le divorce aux torts exclusifs de l'époux.

L’article 247-2 du Code civil dispose que « Si, dans le cadre d'une instance introduite pour altération définitive du lien conjugal, le défendeur demande reconventionnellement le divorce pour faute, le demandeur peut invoquer les fautes de son conjoint pour modifier le fondement de sa demande. ». La cour d’appel estime que « M. X... n'a pas modifié le fondement de sa demande initiale en divorce pour altération définitive du lien conjugal et qu'en application de l'article 1077, alinéa 1er, du code de procédure civile, toute demande en divorce fondée, à titre subsidiaire, sur un autre cas est irrecevable ».

La Cour de cassation, au visa des articles 246 et 247-2 du Code civil et de l’article 1077 du Code de procédure civile, sanctionne la cour d’appel, estimant « Qu'en statuant ainsi, alors que l'article 247-2 du code civil ouvre au demandeur la possibilité de solliciter le prononcé du divorce aux torts partagés pour le cas où la demande reconventionnelle en divorce pour faute de son conjoint serait admise, sans le contraindre à renoncer à sa demande principale en divorce pour altération du lien conjugal, pour le cas où cette demande reconventionnelle serait rejetée, de sorte que la demande de M. X... tendant au prononcé du divorce aux torts partagés ne pouvait être regardée comme une demande formée à titre subsidiaire au sens de l'article 1077, alinéa 1, du code de procédure civile ». La Cour de cassation considère que la demande reconventionnelle pour fautes n'efface pas la demande pour altération du lien conjugal.



Dans les revues : D. 2013, Jur. p. 2831, note T. Douville. et L. Mauger-Vielpau. 

En complément des ouvrages suivants :